A L'Ombre du Diamant
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Voici ci-dessous un entretien avec l'auteur:
Il y a des livres qu’on lit une première fois, puis une deuxième… Des livres que l’on referme en se disant qu’il faut les lire car ils ont le mérite de raconter un autre versant de ce qu’est le commerce des pierres gemmes. C’est le cas avec cet ouvrage « À l’ombre du diamant » qui vous emmènera en Afrique, en Asie ou plus près, en Suisse, sur les pas du diamantaire Jean-Baptiste Mayer qui vous parle avec franchise de son secteur professionnel en particulier.
Car oui, tout n’est pas parfait et tout n’est pas parfaitement propre dans ce domaine particulier. Oui, nombre de négociants en pierres ne peuvent que ce reconnaitre dans certaines des situations et anecdotes décrites. Nul doutes que ce livre ne fera pas plaisir à tout le monde et qu’il ne laissera personne indifférent.
J’aurais pu ignorer ce livre et le laisser de coté. Mais il m’avait suffisamment plu pour avoir envie de vous en parler et surtout pour avoir envie de réaliser une interview de son auteur. Je ne vous en dis pas plus. Il vous faudra acheter le livre et le lire.
En attendant, je vous propose donc de partir à la rencontre de Jean-Baptiste au travers d’un échange autour de son ouvrage.
1-Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis ce que l’on appelle un négociant en diamants et pierres précieuses. Je suis français résidant en Suisse depuis 1999 où je suis aussi basé dans la discrétion toute helvétique qui me convient à merveille.
Merelani Hills, Tanzanie / Tanzania. Photo : JB Mayer
2-Quel est votre parcours professionnel ?
J’ai commencé dans le courtage de diamants à Anvers avant de voler de mes propres ailes avec des diplômes de l’IGI et une spécialité dans le diamant brut, ce qui m’a conduit à pratiquer le négoce aussi bien dans des zones hostiles comme la Sierra Leone ou le Liberia que dans des bureaux sécurisés ou dans des hôtels, de Genève à Dubaï, en passant par New York, Hong Kong ou Singapour. Bref, quand même une vie d’errance avec en plus des déviations vers certaines pierres de couleurs comme la Tourmaline qui est devenue ma pierre préférée, tant pour sa diversité de couleurs que pour sa beauté originelle, ou encore pour son pouvoir à faire scintiller les yeux des élégantes qu’il me plait de fréquenter.
3-Pourquoi avoir décidé l’écriture de ce livre qui risquait de faire polémique ?
Parce que personne n’avait jamais osé le faire et que j’ai un gout particulier à sortir des zones de confort pour repousser mes limites personnelles. Des journalistes d’investigations ont écrit des choses instructives, mais leurs points de vue restaient des points de vue extérieurs, aussi objectifs étaient-ils. On peut écrire un bon papier ou réaliser un reportage pertinent sur ce qui se passe au fin fond d’une mine en Afrique ou dans une salle des ventes, mais y aller en solitaire pour y acheter des pierres, c’est tout de suite d’une autre dimension. Les risques ne sont pas les mêmes, la pression non plus, les interlocuteurs se moquant alors bien d’apparaître sous un bon jour. Le but des parties en présence est uniquement d’engendrer du profit, parce que nous ne sommes ni des touristes, ni des amateurs, ni des rêveurs. Nous sommes des professionnels à qui il n’est même pas permis de rêver, faute d’erreur, et de sanction immédiate qui va toucher lourdement le portefeuille, surtout pour un frondeur indépendant comme moi.
4-Quels sont les retours de la profession à votre égard?
Pour l’heure, c’est mitigé. A ma grande surprise, de discrets mais très puissants soutiens me sont déjà parvenu. D’autres attendent de voir comment le vent tourne. Rien d’étonnant là-dedans. Souvenez-vous comment Martin Rapaport a été traité lorsqu’il a publié sa fameuse liste de prix pour la première fois. Aujourd’hui, la profession s’incline à ses pieds. Splendeurs et misères de la nature humaine. Ceci dit, je n’ai pas cette prétention et aucun gout à drainer les foules. En fait, cela m’amuse beaucoup car je m’en moque copieusement. L’avis de ma petite clientèle de connaisseurs m’importe davantage, et eux, ils sont unanimes. Ils ont adoré mon livre. Et le grand public qui commence à le découvrir aussi. Bref, les gens qui me nourrissent me soutiennent avec la sincérité du cœur, alors que demander de plus ?
5-J’ai le sentiment que ce métier n’est pas vraiment compréhensible si on est à l’extérieur. Est-ce aussi votre sentiment ?
Bien sur. On ne peut pas comprendre ce que l’on ne connaît pas. Je n’aurais pas non plus la prétention de dire que mon livre apporte toutes les lumières compréhensibles aux métiers de la joaillerie mais il y contribue généreusement, même si il y contribue avec le parti pris du marchand que je suis. Je ne suis ni journaliste ni écrivain. Rappelons-le.
6- « Blood diamond », « Diamant noir »…, votre livre comme plusieurs articles de presses, autant de récits qui parle aussi de l’absence d’éthique qui existe dans l’industrie de la joaillerie. Il ne faut pas être complètement naïf sur ce métier. J’essaye néanmoins de me convaincre que l’on peut être parfaitement informé de ce que l’on achète et de la provenance des marchandises. Atteindra-t-on un jour la transparence absolue pour laquelle militent les ONG et certaines institutions reconnues comme le RJC ?
Je ne crois pas au Père Noel. Les campagnes de communication des uns et des autres qui nous disent à qui mieux-mieux qu’ils lavent plus blanc que blanc, ça finit par m’agacer à la longue car c’est tombé dans le type de communication abusif de l’ère soviétique. Ce n’est plus du marketing ou de la communication de crise. C’est la messe du dimanche à laquelle les fidèles préfèrent assister au bistrot. On a vu à quoi ça a mené. On nie des évidences pour attirer le grand public qui a d’autres aspirations, d’ordre purement économiques, mais aussi et surtout pour répondre favorablement aux professionnels du désordre que sont les ONG. L’élégance, et surtout l’efficacité, seraient peut-être simplement de se taire car certifier haut et fort que l’on contrôle l’incontrôlable relève de l’utopie. La vérité est que tout n’est pas tout blanc, certes, mais la vérité est aussi que tout n’est pas tout noir non plus. Un monde parfait n’existera jamais. Je le répète : c’est de l’utopie. Vous connaissez un monde parfait, vous, un monde où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ?
i apprécié sa franchise. Je connais mon métier et ses zones d’ombres, il ne m’a donc pas choqué. Envisagez-vous d’écrire à nouveau ?
Je serais tenté de me lancer sur les traces du « Saoudi », le diamant bleu de 50 Carats qui a été volé au Prince Faisal bin Fahd dans l’enceinte même du palais royal à Riyad, par un prétendu jardinier thaïlandais. Le sujet est fascinant et pourrait faire l’objet d’un livre à succès, surtout qu’on suppose maintenant ce diamant –à tort ou à raison- entre les mains d’un puissant de ce monde dont je préfère taire le nom. Par contre, je sais aussi que tous ceux qui ont tenté de s’approcher de ce diamant volé ont tous fini précocement avec du plomb dans le ventre, quand ils ont eu la chance de ne pas être salement torturés. Et ils sont très nombreux, y compris des émissaires du Prince Saoudien. Alors le jeu en vaut-il la chandelle ?
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